Au 41, rue de l’Arbre-Sec à Paris, Frédérique et Salomé se retrouvent après le décès de leur mère. À l’étage du dessous, un couple vacillant, Pierre et Leïla ; il est thanatopracteur, elle est juge pour enfants.
Quelque part en méditerranée, un bateau affronte une tempête, des langues inconnues claquent dans le noir; un homme sombre.
Cinq personnages confrontés à leur errances intimes ou géographiques se rencontrent, s'observent et parviennent à la rencontre d'eux-mêmes dans un chassé croisé inattendu et salvateur.
De l’Afghanistan à Paris, du Liban à la Nièvre en passant par la Grèce et la Libye, AVEC s’affirme comme une tragi-comédie qui témoigne de la capacité des humains à accepter les déchirures de la vie et à oser vivre AVEC
L'un des 5 meilleurs spectacles du festival off d'Avignon 2021 d'après l'Obs
Après les succès de "Regardez mais ne touchez pas !" et "Iliade", voici la NOUVELLE CRÉATION de la compagnie Abraxas !
NOTE D’INTENTION
Chung Kuo, la Chine, un film documentaire tourné par Antonioni en 1972, a été le point de départ d’une recherche sur la rencontre, le rapport à l’inconnu. Des extraits de ce film d’une intensité rare, la curiosité animale des villageois de la Chine reculée des années 70 découvrant des blancs, ont été une source d’inspiration pour représenter les comportements humains en l’absence de langage, questionner la diversité, le contraste de cultures très différentes, tenter d’associer l’ineffable au sens de l’essentiellement humain.
J’ai proposé à Chloé Donn, Flore Gandiol, Sarah Bensoussan et Alexis Perret, comédiens de la compagnie Abraxas avec qui je travaille depuis une dizaine d’années, d’entreprendre un travail d’improvisation autour de ce sujet : le rapport à l’autre. La complicité, la fidélité, la confiance sont nos atouts, facilitent l’alchimie. AVEC s’inscrit clairement dans une dynamique de troupe et d’écriture de plateau.
À travers ce travail d’improvisation, cinq personnages principaux ont pris corps : deux sœurs en conflit permanent, l’une cantatrice égocentrique, Salomé, et sa sœur cadette Frédérique, photographe en devenir ; un couple en crise : Leïla, juge pour enfants, et son mari Pierre, employé des pompes funèbres ; enfin Zabi, instituteur afghan réfugié en France. Il était primordial que chaque personnage, avec ses failles, ses faiblesses, s’affirme positivement, trouve son chemin, sa trajectoire.
Comment relier cinq chemins de vies si différents et en faire une fiction ? Comment susciter des situations dramatiques et faire naître des personnages afin de faire théâtre ? Comment affirmer positivement que si la mort traverse le spectacle, c’est pour mieux célébrer la vie ?
L’actualité a alimenté les zones de recherche et les problématiques de la pièce : le rôle de la justice dans la protection de l’enfance, les migrants en Méditerranée, leur accueil en Europe et en France. Ma rencontre avec un Afghan, son parcours de Kaboul à Paris, ont renforcé mon intérêt pour ce sujet.
Zabi a fui la guerre, traversé la Méditerranée puis l’Europe. Il transporte, au-delà de son parcours tragique, quelque chose d’essentiellement humain. Sa rencontre avec Pierre et Salomé va apporter à chacun un supplément de vie qui « contaminera » à son tour les autres protagonistes.
D’autres sujets se sont révélés : la réalisation personnelle, la réussite professionnelle, l’implication familiale, les relations de voisinage... Des mondes se sont rencontrés, cognés, apprivoisés. La construction narrative s’est affinée au fur et à mesure.
Ma démarche artistique s’appuie essentiellement sur le jeu de l’acteur pour susciter l’imagination et révéler ce qui lie les êtres. C’est dans l’improvisation, envisagée comme une recherche et un espace de liberté que j’ai traqué les moments de grâce. Ceux-là mêmes qui m’ont permis d’aller vers la re-création d’un moment de vérité. C’est cette vérité et cette sincérité qui ont constitué la matière de l’histoire. Modeler, creuser, ciseler pour retrouver la sincérité du temps présent et raconter l’histoire.
Je tiens à véhiculer un élan ; AVEC, le titre, porte déjà cet élan.
Note d’intention de mise en scène :
Seuls éléments d'une scénographie très épurée :
- Un espace scénique en cercle constitué de huit lampes sur pied de hauteurs différentes ;
- Une table, quatre chaises, un écran noir sur lequel sont projetés des surtitres :
« جایی در دریای مدیترانه »
blanc sur noir, c’est une langue orientale, le farsi. Les lettres disparaissent pour laisser place à leur traduction en grec : « κάπου στη Μεσόγειο θάλασσα » puis en italien « da qualche parte nel Mediterraneo » et enfin en français « quelque part en mer Méditerranée » : d’emblée La calligraphie de ces langues ouvre un horizon ; le spectacle commence.
L’un des défis a été de raconter, à travers une fiction vraisemblable, l’ineffable de la vie. Comment une trajectoire spatiale aussi extraordinaire que le voyage de Zabi peut-elle rencontrer la trajectoire mentale de personnages ordinaires enfermés dans des vies tout à la fois confortables et insatisfaites ?
Pour suggérer cette matière qui compose la vie, il a été nécessaire de travailler sur la fluidité : fluidité des passages d’un lieu à un autre, fluidité des temporalités, fluidité des incarnations pour les cinq acteurs interprétant tout à la fois les personnages centraux de la pièce et une vingtaine de personnages secondaires. Il a fallu sans cesse passer de l’universel au singulier, du signifié au signifiant imperceptiblement, ne pas s’attarder sur les situations mais les faire danser comme le tourbillon de la vie.
Pour les costumes Ghislaine Ducerf a créé un univers se jouant des époques mais ramenant néanmoins sans cesse au singulier. Une couleur est attribuée à chacun des cinq personnages principaux : rouge pour Salomé, jaune pour Frédérique, bleu roi pour Leïla, bleu ciel pour Pierre et bordeaux pour Zabi. Tous les personnages secondaires sont en noir, un accessoire, un couvre-chef ou un changement de coiffure identifient chacun d’entre eux. Un objet peut à lui seul raconter plusieurs histoires, un accessoire peut raconter plusieurs situations et plusieurs lieux, une musique ou un son raconter à la fois un univers sonore propre à la pièce et des évènements ponctuels ultra réalistes.
Deux ingénieurs du son, Emeline Aldeguer et Jacques Descomps, ont créé l’univers sonore. Les ambiances réalistes accentuent le caractère dramatique de certaines situations, en particulier le parcours solitaire et périlleux de Zabi : une mer déchaînée, un patrouilleur libyen, des chiens à ses trousses dans une forêt, un bombardement... D’autres ambiances plus paisibles évoquent le passé, un paradis perdu, la paix : une école en Afghanistan, le vent à Baalbek…
La musique de Yaron Pe’er accompagne les étapes du parcours de Zabi. Yaron Pe’er est un grand joueur de rubab (ou rabab), un instrument de musique à cordes de la famille du luth, originaire de l’ethnie pachtoune d’Afghanistan et du Nord du Pakistan. Très identifiable, il est considéré en Afghanistan comme l'instrument national qui représente la noblesse du pays. Le duo avec la violoncelliste Leat Sabbah symbolise la rencontre entre deux cultures, entre l’Orient et l’Occident.
Le traitement de la lumière imaginé par Thomas Jacquemart a été déterminant dans cette recherche de fluidité : sa lumière accompagne, ponctue, facilite le passage rapide d’un lieu à un autre, d’une église à un manoir, d’une forêt sombre à la lumière froide d’un tribunal, de la pénombre d’une forêt en Hongrie à la lumière éclatante du site de Baalbek au Liban.
VIDEO
Anne-Charlotte Lesquibe
diffusion
06 59 10 17 63
acles1@free.fr
https://compagnieabraxas.fr
Jean-Philippe Rigaud
attaché de presse
06 60 64 94 27
jphirigaud@aol.com
https://compagnieabraxas.fr