Laissez-nous vous parler d’une époque oubliée, qui ponctua la vie de nos cités pendant plus de 140 ans. Celles des maisons closes.
Aujourd’hui on s’évade sur des écrans, on exhibe les filles derrière des vitrines, mais hier c’était dans les bras de Jacote, Lucienne ou Jeanne qu’on perdait son pucelage, qu’on s’échappait de son ménage, qu’on venait se soulager.
Nous allons évoquer devant vous un sacrifice, le bout d’un crépuscule, une loi dite Marthe Richard qui tomba comme une guillotine sur la tête des filles et d’Yvonne leur patronne.
Avec humour, émotion, ces destins vont vous être contés en théâtre et en chansons. Afin de mettre l’accent sur la vie de ces femmes où l’amour n’avait pas sa place mais leurs rêves, oui.
Elles seront accompagnées par trois musiciens et tarabustées par Momo le souteneur, trop content qu’en fermant les « maisons » on ouvre enfin cette boîte de Pandore !
A l’aune de la fermeture des maison closes oserez-vous pousser la porte des « Belles de nuit ? »
NOTE D’INTENTION
Une petite phrase assassine proférée à l’adolescence qui reste tapie sournoisement dans l’esprit et qui, parfois, sans crier gare ressurgit. Au juste, c’est quoi une pute ? Et serait-ce comme ça qu’on le devient : par une phrase assassine ? Une phrase qui vous marque comme un sceau. Un fatum. Une sentence indélébile.
De cette petite injonction qui ronge, sont nées Yvonne, la patronne, Jacote, Lucienne et Jeanne les trois prostituées des « Belles de nuit ».
La vie de nos protagonistes (avant de parler des hommes de l’histoire) est assujettie à leur corps. Celui-ci, tel un animal blessé ou rebelle, répond par un chant dialogué lorsqu’elles s’autorisent à exprimer la douleur, les pleurs, les rires, l’humour, l’amour ou le manque d’amour, la frustration et la détresse, la nostalgie, la violence mais aussi la tendresse et l’espoir d’une autre vie. Lorsqu’elles s’affrontent entre elles jusqu’à parfois s’empoigner ou quand la patronne défie le mac qui veut les soumettre et les anéantir, là, cela devient du théâtre.
Le souteneur, c’est le dehors, le danger, la rue, qui ne sera jamais une protection avec ses réverbères aux lumières blafardes et la mort qui rôde dans l’ombre d’une porte cochère. Quand Marthe Richard décide de tout mettre en oeuvre pour fermer les maisons, lui, il a tout compris : son heure a enfin sonné. Les filles, il va les récupérer et les mettre à sa merci. Alors sans doute cette maison close, cette « Belles de Nuit » que nous évoquons, devient un lieu de refuge, tant pour les filles que pour les clients. Un lieu d’échappatoire où les hommes tentent de renouer avec l’antique désir. Un lieu où les filles, condamnées par la sentence d’une phrase malencontreuse, une mauvaise rencontre, la souillure des hommes, ou plus simplement pour échapper à la soumission d’un père ou d’un frère, recréent l’éternité du monde. Comme une matrice protectrice.
On ferma ces lieux de « plaisir » en 1946 et c’est d’une de ces fermetures dont nous allons parler. Il n’est pas dans notre intention de cautionner l’indéfendable. Pas plus que d’oublier que certaines maisons closes abritèrent des trafics inavouables, cachèrent des collabos, laissèrent leur porte ouverte aux nazis, aux mafieux et autres malfrats. « Belles de nuit » c’est avant tout le portrait d’une femme, Yvonne, qui a cru que derrière les volets de sa maison elle pouvait sauver ses « filles » en taisant son propre désir. Car comme le dit Lucienne : « Avant d’être des putains, nous sommes des filles nées d’un père et d’une mère, comme n’importe qui ! »
Bénédicte Charpiat - Jonathan Kerr
PRESSE
GALERIE
VIDEO
Elena Martin
Chargée de production et diffusion
06 74 40 35 85
elena.zdproductions@gmail.com
www.zdproductions.net