PRIX DU PUBLIC AVIGNON OFF 2016.
Clémence erre au cœur du plat de choucroute dans lequel elle pédale à l’envers. Constamment désolée, elle est également désolée d’être désolée. Si elle est incapable de réussir le moindre entretien d’embauche, c’est parce qu’elle est pendue à ses souvenirs et aux odeurs de son enfance comme un nourrisson au sein de sa mère. Difficile d’être « une grande fille efficace au présent », quand on songe perpétuellement à « la petite fille décalée qu’on a été ». Heureusement, aidée par Éric, son cousin à l’existence machinale (qui attend la retraite pour se réaliser), elle finit par décrocher un job dans une entreprise de recyclage. C’est à cette occasion qu’elle rencontre Julien, son patron, petit chef obtus qui se fout éperdument des états d’âme de Clémence qui, de son côté, méprise ce petit monsieur chez qui elle ne décèle pas la moindre trace d’affect.
Trois trajectoires opposées qui ont pourtant tout à apprendre les unes des autres...
Certains se souviennent de l’odeur de leur premier jour d’école ou de l’imprimé écossais de leur dessus de lit à la crèche. d’autres ne connaissent pas l’âge de leurs parents et sont persuadés qu’en sixième on a six ans. Et si ces extra-terrestres avaient tout à apprendre les uns des autres ? Prix du public Avignon Off 2016
NOTE D’INTENTION
représentations fragmentaires de notre passé. Ils se transforment au gré des associations d’idées de Clémence : le bureau devient métro, le placard s’ouvre sur un souvenir d’enfance, le cercueil devient frigidaire, chaque porte nous propulse dans un univers nouveau.
Nous voyagerons dans la tête de Clémence, entre apartés, flash back, psychanalyse, traumatismes psychologiques, crèmes caramel et symbolique des rêves improbables.
Clémence est foutraque, Clémence est mélancolique, Clémence est névrotique, Clémence est émotive et mal dégrossie. Lorsque l’émotion est trop forte et que les mots ne suffisent plus, la musique et les corps prennent le relai : sur les notes espiègles de Florent Marchet, des passages chorégraphiques transforment la mécanique du quotidien en bulles de joie. Dans cet univers où l’on joue sans cesse avec l’inattendu, porté par trois comédiens à la présence singulière évoquant les personnages étranges qui peuplent nos rêves, ils se racontent, évoquent leurs souvenirs, et les émotions remontent à la surface pour interpeller chacun d’entre nous : Quels sont les souvenirs du passé qui nous aide à vivre et quels sont ceux qui nous empêchent d’avancer ? Comment faire le tri pour avancer sans oublier ce qui nous a construit ? Quelle est la différence entre mélancolie et nostalgie ? Grâce à ce texte sacrément bien troussé, enlevé, malicieux et sensible, j’aimerais que chaque spectateur retrouve le goût unique des madeleines trempées dans du lait, les odeurs d’enfance et l’envie pressante d’aller en respirer de nouvelles. Car la réalité est un secret et c’est en rêvant qu’on est près du monde.